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LES FEUX DU CIEL DE LIT
Et le vent, soupirant sous le frais
sycomore Allait, tout parfumé, de Sodome à Gomorrhe. VICTOR HUGO
(Orientales)
I
Or, le calme du soir et l'ombre étant venus, Comme au ciel
scintillait l'Étoile de Vénus, Paris, prince de la
Débauche, S'étendit sur son lit de velours et cria : - Fini le
sérieux ! Toi, viens, Luxuria, Compagne fidèle, à ma gauche !
Luxuria s'assit auprès du vieux Paris. - Hé bien ! Luxuria, tu n'as
donc rien appris De neuf ? Toujours même rengaîne ? Et nous allons
encore, ainsi que chaque nuit, Boire au même flacon ? Vraiment, un soir
d'ennui, J'irai me jeter à la Seine !
- Ah ! vous ne savez pas goûter votre bonheur, Répondit sa compagne.
Il est vrai, doux seigneur, Que la rose est toujours la
rose, Pourtant, depuis qu'Adam avec Ève a rêvé, Malgré toute
recherche, on n'a pas mieux trouvé, Et c'est toujours la même chose !
- Sufficit ! dit Paris : d'ailleurs, je suis dispos, C'est la loi
que le loup dévore les troupeaux De moutons, dans la plaine immense
! A moi loup, les beautés brebis ! - Luxuria Se levant, souleva les
rideaux et cria : - Vivat ! que la fête commence ! -
II
Alors, un défilé superbe commença, Et sous le ciel de lit, tout
entier il passa.
III
Elles trottinent, par groupes, Joyeuses, folles, le
soir, Tortillant leurs maigres croupes, Encombrant tout le
trottoir. Elles sortent des passages, Plumes en apprentissages Ou
bien fleurs - à moitié sages, Et ne demandant qu'à choir.
Blanchisseuses et cousettes, elles trottent, elles vont, Tout en
faisant des risettes. Sur le boulevard profond, Elles trottent et
sur elles, Peu craintives tourterelles, Le vautour aux noires
ailes, Paillard, vieux ou jeune, fond !
Or une large voix du fond du lit venue : - Bravo, Luxuria ! ça va
bien, continue !
IV
Des fiacres. Il en vint à ne plus les compter. Alors Luxuria
dans l'ombre fit monter Toutes les femmes adultères. D'aucunes, en
tremblant, franchissaient les degrés, Pâles, avec des yeux de fièvres
dévorés, D'autres, avec des airs austères.
Tout y passa, la goule ardente, au corps de feu, L'épouse
langoureuse au front pur, à l'oeil bleu, Qui pèche en disant ses
prières ! Des femmes de trente ans, divines, ô Balzac ! D'autres -
oh ! monstrueux ! - qui n'avaient pas le sac Pour leurs dettes de
couturières !
- Fichtre ! cria Paris, ça va de mieux en mieux, Mais, maintenant,
il faut nous servir du joyeux !
V
Et, par une portière à demi-soulevée Entrèrent des clameurs
folles, et les accords Cascadeurs et vibrants de l'Évohé
d'Orphée. L'alcôve reçut une avalanche de corps !
Toute la confrérie Qui rôtit le balai, Dames de brasserie Et
du corps de ballet,
Petites cabotines Et chanteuses des choeurs, Celles dont les
bottines Écrasent tant de coeurs,
Prima donna ! Divettes, Les étoiles qu'on sert, Pour chanter les
fauvettes, Dans tout café concert.
Les belles qui ne filent Pas plus que les lys blancs Et, chaque
soir, défilent En quête de galants.
Entrent avec furie Dans l'alcôve au complet, Toute la
confrérie Fait flamber le balai !
VI
Minuit sonnait alors, et de l'alcôve claire Montaient des
pleurs de joie et des cris de colère. La Folie érotique étreignait les
cerveaux, Et les lèvres cherchaient, par des baisers nouveaux, A
calmer un instant l'ardeur des fièvres chaudes. Les bras entrelacés,
marquises et ribaudes, Cousettes et catins, sous le
commandement Superbe et triomphal de Paris, doucement Se mirent à
danser la valse lesbienne.
- Ça va bien, dit Paris, quelle joie est la mienne ! Et Paris était
las, pourtant, et son archet A marquer la cadence, à son côté
penchait. Les valseuses, avec leurs paupières mi-closes, En passant,
effeuillaient, le long du lit, des roses. Leur grâce était sans force
et leur sourire vain. Or, Paris fit venir, pour lui verser du
vin, Voulant redoubler ses étreintes fatiguées, De pâles jeunes gens
aux hanches disloquées. Et, dans l'alcôve où gît l'hystérique
Paris, Terribles, sont partis à l'instant de grands cris :
«Encor ! Luxuria ! je suis très à mon aise !»
Toute la vieille garde entra dans la fournaise!
Octobre 1884
~*~
LA NASSE
Les Turcs ont passé là. V. HUGO
(Orientales)
Koning a passé là. - C'est parfaitement clair. Une écoeurante
odeur de marée emplit l'air Sur le boulevard Poissonnière : Cela
sort du Gymnase et de son corridor, Où l'on peut voir Koning nager dans
les flots d'or, Vingt dédits dans son aumonière !
Tout est désert. - On fait le vide autour de lui. Seule, une enfant,
dont l'oeil noir et profond reluit, Approche Koning et
l'affronte. Elle va, court et rit, et cela sans trembler. Mais, pour
ne point la voir et ne point lui parler, Marais descend quand Lina
Munte.
«Ah ! dit Bébé, voyant Marais plein de souci, Frère, quelle douleur
peut transformer ainsi Celui que l'esprit illumine ? Tu sais des
calembours ! et seul, à l'Odéon, Jadis tu déridais Duquesnel, ô Léon
! Pourquoi fais-tu si triste mine ?
N'es-tu pas le premier de nos jeunes premiers ? N'as-tu pas, à
Saint-Flour ainsi qu'à Coulommiers, Ému la femme du notaire ? Ne
reçois-tu donc pas tous les soirs des poulets ? Veinard ! Dis ? et
n'aurais-tu pas, si tu voulais, Toutes les belles de la terre ?
Ta renommée est grande et l'on parle de toi. Ton portrait, entre
ceux de Valtesse et du Roy, Se voit à tous les étalages. Plus d'une,
en passant, dit : Comme il est distingué ! Et ce refrain s'entend :
J'aime Marais, ô gué ! Dans Paris et dans les villages !
Et je te trouve triste ? Eh quoi ! tout te sourit : L'amour et la
beauté, sans compter ton esprit, Et la gloire avec ses cymbales
; Que veux tu donc de plus sans paraître exigeant ? «- Ami, répond
Marais, as-tu beaucoup d'argent ? Je veux soixante mille balles
!»
Juillet 1883
~*~
LA DOULEUR DE MOUMOUTE
Qu'a donc l'ombre d'Allah ! V. HUGO
(Orientales)
Qu'a Moumoute, aujourd'hui ? disait son entourage ; Elle est
triste, elle n'a pas de coeur à l'ouvrage. Elle ne veut point voir son
large canapé. Aurait-elle perdu ses valeurs à la Bourse ? - On a vu
le Jourdain remonter vers sa source. - Pourquoi ce front préoccupé ?
Qu'a la belle, ce soir ? que sa porte est fermée, Disaient les
boudinés, la prunelle allumée ; Il paraît qu'elle est sombre et pleure
abondamment. Ceux qu'elle ruina lui cherchent-ils querelle ? Les
spectres blancs des fous, qui moururent pour elle, Sont-ils venus
danser dans son appartement ?
Qu'a-t-elle ? demandait sa compagne fidèle ; Celui qu'elle préfère
a-t-il donc fait fi d'elle ? Dans ses beaux cheveux noirs vit-elle des
fils blancs ? Qui la peut égaler dans l'une et l'autre garde ? Elle
est éblouissante et, tout Paris regarde, En tremblant, ses grands yeux
troublants !
Qu'a Vénus ? s'exclamait un poète lyrique : Pourquoi ce deuil,
pourquoi cet air mélancolique ? A-t-elle lu des vers de monsieur
Legouvé ? Quel nuage est venu troubler ce ciel d'opale ? Sa paupière
est bien rouge et son front est bien pâle ! Et tous cherchent. Hélas !
aucun d'eux n'a trouvé.
Si la belle qui fait dresser toutes les têtes A, depuis trois longs
jours, abandonné les fêtes Et les bals, et le lac, et ses plus chers
travaux ; Ce n'est pas qu'elle ait vu diminuer sa rente. Un
protecteur s'en va qu'il en arrive trente, Tous pleins d'ardeurs et
tous rivaux !
Son chéri ne l'a pas encore abandonnée. Non, celui qu'elle dore a,
toute la journée Murmuré les propos les plus tendres, en
vain, L'argent ne tache pas sa chevelure noire La lyre et le pinceau
disent partout sa gloire ; On vient de la mouler, en cire, pour Grévin
!
Ce ne sont pas, non plus, des figures funèbres Qui, brillant dans sa
chambre au milieu des ténèbres, Ont laissé dans son âme un terrible
remord. Elle n'a jamais lu Legouvé, - même en rêve. - - Pourquoi
cette douleur qui l'obsède, sans trève ? - Son bichon de Havane est
mort ! -
Octobre 1883
~*~
LA FORTUNE PERDUE
Allah ! qui me rendra ma redoutable armée
! V. HUGO (Orientales)
Vénus ! qui me rendra ma grande renommée, Ma chevelure d'or et
ma taille d'almée ? Mon hôtel et ma chambre éblouissante à voir, Où,
la nuit, s'allumaient des feux au fond de l'ombre, Où, de ducs et de
rois vint défiler un nombre Que moi-même ne puis savoir ?
Qui me rendra mes grooms aux splendides livrées ? Et mes laquais,
couverts de pelisses fourrées, Mes cochers, galonnés comme des généraux
? Mes marmitons, sortis des fameuses cuisines, Dont les bisques et
les salmis de bécassines Relevaient le courage abattu des héros ?
Tous ces vaillants, à l'oeil de flamme, à l'âme forte, Qui, chacun à
son tour, avaient franchi ma porte, Quoi ? je ne verrai plus en
persillant au Bois Leurs troupes, par le temps, hélas !
diminuées, Derrière mon landau s'ébattre par nuées, A l'épatement
des bourgeois !
Les voilà tous partis, leurs coeurs brûlent pour d'autres. Tous,
pendant quarante ans, firent les bons apôtres, Achetant par de l'or le
droit de m'approcher ! Tous partis ! Les bijoux ont pris la même
route, Ma beauté, mes appas ! Helas ! quelle déroute ! Vénus ! je
n'ai plus même un lit où me coucher !
Vénus ! qui me rendra ma grande renommée ? Ma chevelure d'or est
blanche et clairsemée ; Je n'ai plus de logis et suis sur le pavé
! Quoi ? soupirants, amants, des quatre coins du monde. Leurs
présents, leurs amours, ô misère profonde ! C'est comme si j'avais rêvé
!
Ainsi parlait Cora le soir de sa défaite. Elle n'était vraiment pas
du tout à la fête, Pearl, et des pleurs perlaient dans ses yeux
meurtriers. Rêveuse, elle songeait au retour de Cythère. Près
d'elle, son bidet du pied frappait la terre, Un bidet maigre et nu,
dépourvu d'étriers !
Août 1883
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TROTTINETTE
Comme elle court ! V. HUGO
(Orientales)
Elle trotte, voyez, le long des boulevards, Sa robe chiffonnée
a des froufrous bavards. Elle s'arrête aux devantures, Donnant
quelques regards aux bijoux, aux chapeaux, Elle est de celles qui
cheminent, sans repos, A la recherche d'aventures.
Oh ! quand son oeil vous fixe, on est vite perdu ! Pour résister, il
faut avoir de la vertu Ou le vide en son escarcelle ; L'oeil de
Donato fait le contraire du sien, Elle réveillerait un académicien
! Gare à celui qu'elle harcèle !
Certes, le vieux Lévy, banquier juif du Marais, La rencontrant le
soir quand il prenait le frais, A fait souvent le malhonnête. Bien
vite, il oubliait sa folie ? Hélas ! non. Car il a fait ce rêve
extravagant, sans nom, Avoir le coeur de Trottinette !
Oui, ce juif, pour avoir, à lui, ce coeur, oh ! tel Est son désir,
il eût donné petit hôtel, Chevaux, voitures, écuries, Et laquais, et
cochers, et grooms, et caetera, Avant-scène aux Français et loge à
l'Opéra, Et des coffrets de pierreries !
Il eût donné les clefs de tous ses coffres-forts. Et si, touchée
enfin par de pareils efforts, Trottinette avait dit : Espère ! S'il
l'eût fallu, devant l'univers étonné, Oh ! pour avoir ce coeur, il eût
vendu, donné, Le prépuce de son grand'père !
Ce n'est point un banquier, c'est un mec à l'oeil noir Qui tient ce
coeur, et s'est fait payer pour l'avoir, Car il sait le prix des
conquêtes ! Un mec est un gaillard qui n'a rien des chapons, Au
visage encadré d'une casquette à ponts, Et de soyeuses rouflaquettes
!
Août 1883
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GABRIELLE
Si je n'étais captive. V. HUGO
(Orientales)
S'il n'était pas malade J'aimerais mon mari, Je l'aurais,
mièvre et fade, Choyé, payé, nourri ; Si, remède bien sombre A
tous ses maux sans nombre, N'étincelait dans l'ombre L'acier du
bistouri.
Avant mon mariage, Que j'étais belle à voir ! J'étais heureuse,
sage, Pure comme un miroir. Chez moi, les gentilshommes Sortis
des hautes gommes, Pour de très fortes sommes, Venaient causer le
soir.
Pourtant, j'aime la vie Douce du pot-au-feu. J'étais déjà
ravie De la tâter un peu : J'avais mon anti-type, Mais ce gueux,
sans principe, Souffre fort d'une ... grippe. - Il m'en a fait
l'aveu, -
Je ne suis pas si bête, O toi, l'élu, I, ni, C'est fini ! plus
de fête, Ai-je dit, c'est fini ! J'en jure par ma bouche, Ton cas
est vraiment louche ! - Et de ma noble couche Je l'ai vite banni !
Illusions éteintes, Que ne vous ai-je encor ! Ah ! belles nos
étreintes Quand nous étions d'accord ! Je n'étais jamais lasse De
baisers... Dans l'espace, Vénus ! Quelle ombre passe ? Le spectre de
Ricord !
Septembre 1883
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LA CUEILLETTE
Allez, allez, ô jeunes filles, Cueillir
des bleuets dans les blés. V. HUGO (Orientales)
Le jour tombe ; le gaz s'allume. Voici l'heure où monsieur
Poisson Va venir demander rançon A la marmite qu'il écume. On
voit trottiner, dans le soir, Des marcheuses déguenillées. Cueillez,
cueillez, ô maquillées, Des michés le long du trottoir !
Psitt ! par ici, vous verrez comme Chez nous vous serez bien
reçu. Vous paraissez assez cossu, Venez un peu, mon beau jeune homme
! Là bas, un gaillard à l'oeil noir Attend que vous soyiez
payées. Cueillez, cueillez, ô maquillées Des michés le long du
trottoir !
C'est pendant ce temps-là que Rose Et son amoureux vont au
bois. - «Ah ! pauvre trotteuse, autrefois, Ne fis-tu point la même
chose ? -» - Du sentiment ! va donc t'asseoir ! - O les baisers sous
les feuillées ! Cueillez, cueillez, ô maquillées, Des michés le long
du trottoir !
Oui, C'est l'heure où dans l'atmosphère, Passent des essaims de
baisers. Jean dit à Rose : «Si j'osais !» Il ose, et Rose laisse
faire ! Et les dryades, pour les voir Sortent du bois,
émerveillées. Cueillez, cueillez, ô maquillées, Des michés le long
du trottoir !
Novembre 1883
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LESBIANA
N'ai-je pas pour toi, belle juive V. HUGO
(Orientales)
N'ai-je pas pour toi, ma charmante, Dis-le moi, fait encore
assez ? O ma délicieuse amante, Toujours quelque ennui te
tourmente Quand tes yeux sont ainsi baissés.
Oh ! regarde-moi, bien en face, Et réponds-moi très
franchement, Dis-moi, que veux-tu que je fasse ? - Es-tu jalouse ?
Que je chasse Dès ce soir, mon dernier amant ?
Ah ! tu souris et ta main presse Plus doucement encor ma
main. Commande, belle enchanteresse. Puisque tu le veux, ma
maîtresse, Il ne reviendra plus, demain.
Je suis toute à toi, que m'importe, Lorsque je baise ton front
blanc, Que cet homme soit à ma porte, Et qu'il m'adore, et qu'il
m'apporte Son coeur à broyer, en tremblant !
Perle ! Diamant ! O fleur pure ! Jure que tes seins adorés Et tes
lèvres, grenade mûre, Ne subiront pas la souillure Vile des mâles
abhorrés !
Laisse-moi dénouer tes tresses Et dégrafer tes vêtements, Pour
les extatiques ivresses. Il nous faut de douces caresses Et de
tendres enlacements !
Novembre 1883
~*~
CRI DE CHASSE
En guerre les guerriers, Mahomet ! Mahomet
! V. HUGO (Orientales)
Persilleuses, au bois ! Cupidon ! Cupidon ! Mettez aux yeux le
kohl ! au cheval, le bridon, Partez, confiantes et braves ! Et par
les boulevards, et par les verts sentiers Au superbe galop de vos pur
sang altiers, Atlez vaincre les vils esclaves !
A vous l'âme et le corps des hommes abhorrés ! Que Vénus vous
protège ! Allez ! Volez ! Montrez, Irrésistibles conquérantes, Vos
masques rayonnants d'impudeurs ; en avant ! Et, comme des drapeaux,
laissez flotter au vent Vos chevelures fulgurantes !
Que vos yeux meurtriers jettent de mauvais sorts Sur tous les
pschutts que vont croiser vos huit ressorts ! Courez ! Courez !
Horizontales ! Et vous tiendrez toujours, dans vos fragiles
mains, La ville radieuse, où mènent tous chemins, Paris reine des
capitales !
Janvier 1884
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VIOLÉES ET INVIOLABLES
Canaris ! Canaris ! Pleure ! V. HUGO
(Orientales)
Doux pays où l'on sait la valeur du billon, O Toi qui te nommas
: la pudique Albion, Angleterre, chaste Angleterre, Qui l'eût cru ?
Du palais jusques à l'atelier, Chacun de tes toits cèle une «maison
Tellier ?» Cette nouvelle étrangle, atterre !
O Shocking ! qui l'a dit ? qui donc a révélé Tes dessous ? Nous
croyions, naïfs, au rêve ailé De la miss à longues chaussures ! De
même à la candeur du Gentleman rider Et nous ne pensions pas
suspecte sa raideur ; A-t-on bien dit des choses sûres ?
Le doute, hélas ! n'est pas possible, le Pall-Mall- Gazette
nous apprend que l'on a mis à mal Des très-mineures innombrables ! «
C'est du joli, dirait Gavroche ! Zut alors ! «Et ta soeur ?» Et sa
soeur fait le bonheur des lords Et d'un groupe d'inviolables !
O pays des John Brown, des royaux Philémons, Salut ! Et nous qui,
loin d'en faire fi, l'aimons L'impérissable bagatelle, Nous sommes
enfoncés, nous le reconnaissons L'Anglais, toujours boxeur, s'est écrié
: boxons ! Il n'a pas dit : «Quelle âge a-t-elle ?»
Non ! la vierge est à tous ! les vieux, les laids, les beaux, O
veinards ! vous avez dans votre île : Lesbos Sodome, Gomorrhe et
Cythère ! Pleure ! Pleure ! ô Paris ! la pudique albion T'enlève la
couronne et te dame le pion ! Hip ! hip ! hourrah pour l'Angleterre
!
Juillet 1885
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